Prière : Les sept paroles de notre Seigneur sur la croix

  • Posted on: 26 March 2015
  • By: David J

1. Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font.

Sait-on jamais ce que l'on fait quand, dans son existence, on prend la première place - celle de Dieu - quand on se croit la mesure de toutes choses et l'arbitre du bien et du mal ?

Sait-on jamais ce que l'on fait quand on élimine de sa vie le Christ et l'évangile et que, délibérément, on va se perdre loin de son Père du ciel ?

Sait-on jamais ce que l'on fait quand on asservit son prochain au lieu de reconnaître en lui l'image de son Créateur ?

À quoi mesurer les conséquences de ses actes, sinon à cette croix du Christ ? Lui savait parfaitement ce qu'il faisait et jusqu'où il devrait aller pour rejoindre ceux qui ne savent pas ce qu'ils font.

Le don que Jésus fait de sa vie, puisse Dieu le prendre en compte, en plein accord avec sa miséricorde infinie. Puisse-t-il recevoir la prière que son Fils bien-aimé lui offre pour ses frères et ses soeurs humains.

 

2. En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis.

Ton Royaume, Jésus, est offert : tu en es la porte, le don de ta vie en est la clé, la porte s'ouvre, que nul ne peut refermer.

Voici que l'ouvrier du tout dernier instant, le brigand qui se tourne vers toi au moment d'expirer, en sera sans délai le premier invité.

Puissent-ils ainsi se retrouver accueillis tous ceux qui auront attendu d'être tout près de leur fin pour te reconnaître, tous ceux que le mystère même de leur mort tourne vers ta lumière, tous ceux qui, de par leur existence, ne sauraient guère que désespérer de ta miséricorde.

Ce ne sont pas les justes à leurs propres yeux qui ont besoin du médecin, mais ceux qui, dans leur pauvreté, lèvent les yeux vers toi, comme autrefois, dans le désert, les Israélites fixaient du regard le serpent d'airain pour être guéris.

 

3. Femme, voici ton fils, et toi, voici ta mère.

Je vous confie l'un à l'autre, toi, mon disciple bien-aimé à ma mère, fidèle jusqu'au pied de la croix, toi, ma mère très aimée, à mon plus proche disciple.

Marie ne restera pas sans un fils dans sa vieillesse, ni Jean sans une affection intense prolongeant celle de son Seigneur. Voilà comment mon amour vous demeurera présent dans l'avenir.

Femme, deviens la mère de ceux qui me suivront à la vie et à la mort ; qu'ils recourent à la grâce de ta prière, ceux qui se font mes disciples.

Femme, te voici la figure de l'Église dans ce qu'elle a de plus aimable, de plus aimant ; et toi, Jean, te voici l'image de l'ami du Seigneur pour ceux qui m'aimeront plus qu'eux-mêmes.

 

4. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

Père du ciel, pourquoi, en cette heure, me laisses-tu tomber, moi qui n'ai cessé de vivre en ta présence et d'accomplir ta volonté ? Pourquoi dois-je mourir comme un sans-Dieu, un maudit suspendu au bois ? Pourquoi suis-je écartelé sur cette croix, condamné par les chefs de mon peuple, battu à mort par les soldats, moqué par les passants, abandonné de mes amis ? Pourquoi ? pourquoi ?

Oui, mon Fils bien-aimé, tu n'as cessé d'accomplir ma volonté, mon alliance avec l'humanité. Et c'est pourquoi tu meurs à cette heure de la mort maudite de la croix. En plein accord avec ma générosité tu as rejoint au plus intime de leur malédiction ceux qui, pleins d'eux-mêmes, s'en vont se perdre loin de moi.

Maudite est leur mort puisque le bonheur est de trouver en moi la vie et de la tourner vers moi dans l'action de grâce. Oui, maudite est cette mort : tu l'affrontes seul, tu la prends sur toi au nom du plus grand amour. Et dans la puissance de cet amour tu la retournes en chemin de bénédiction vers la vie.

Voici que tu meurs seul et abandonné pour que quiconque se tourne vers toi à son heure dernière te trouve accourant à son chevet.

 

5. J'ai soif.

Tu as soif, Seigneur Jésus, tu meurs de soif, haletant et étouffant sur ce gibet. Tu offres ton souffle, tu offres ta vie, et notre humanité ne sait te présenter que du vinaigre.

Tu as soif, toi le rocher d'où jaillit l'eau dans le désert. Tu as soif, toi, le temple d'où sourd, à l'orient, le filet d'eau devenu torrent, puis fleuve dont les eaux assainissent tout le pays. Tu as soif, toi la source vive où la Samaritaine est invitée à puiser.

Et n'est-ce pas de ton côté percé que coulera l'eau avec le sang, ta vie donnée pour la vie du monde.

Tu as soif, Seigneur Jésus, ta soif saura-t-elle entraîner en elle tes frères humains toujours plus loin, dans le désir essentiel qui fait d'eux des créatures aimées du Père. Qu'à la manière du cerf ou de la biche en quête d'un cours d'eau, ils aient soif de Dieu, du Dieu de vie. Quand pourront-ils aller voir son visage, étancher leur soif de sa présence ?

 

6. Tout est accompli.

Accompli, en tout cas, l'échec retentissant d'un ministère qui avait commencé avec succès et qui se termine dans cet agonisant, sur la croix. Accompli, assurément, le comble du péché : le porte-parole de Dieu condamné comme blasphémateur et cloué au gibet de la honte. Échec, oui, et comble du péché : voilà comment tout est accompli, le don du Fils, allant jusqu'au bout de lui-même, et la victoire du pardon que le Crucifié implore pour ses bourreaux.

Père, le voici dès lors accompli ton projet de rejoindre l'homme au plus extrême de sa misère pour y ouvrir le chemin de la plus extrême miséricorde.

Vraiment, tout est accompli : la puissance de l'amour a retourné la situation, elle a fait du gibet de la honte l'autel de l'honneur où le Grand prêtre offre sa vie pour la vie du monde. Perdant sa vie, il a gagné pour toi le monde entier.

 

7. Père, en tes mains je remets mon esprit.

Tu avais tout remis aux mains de ton Fils, Père, et maintenant, moi ton Fils, je me remets entre tes mains.

On m'a tout pris, Père : mes vêtements qu'on se partage, mes disciples qui se sont dispersés, les foules qui récemment se pressaient pour m'écouter.

On m'a tout pris, il ne me reste que mon esprit pour affronter la mort ; tu me l'as donné, et dans l'espérance, je te le remets. Tout ce qui est à moi est à toi.

Mais mon esprit, c'est aussi l'Esprit Saint venu faire en moi sa demeure. Tu me l'as confié, il s'est engagé avec moi tout au long de mon ministères sur la terre. Au moment où tu recueilles mon dernier souffle, c'est le souffle de l'Esprit Saint qui prend la relève : je le transmets de ta part à ceux qui, après moi, annonceront la bonne nouvelle sous sa conduite et dans son inspiration.

Tout vient de toi, Père, pour trouver en toi son achèvement. Béni sous-tu dans les siècles.

 

frère Pierre-Yves, de Taizé.