Peut-on croire sans pratiquer ?

La foi chrétienne nous fait accepter Jésus Christ avec tout notre être : notre intelligence, notre coeur et notre vie. La foi est un don de Dieu, mais ce don précieux nous est confié comme un talent à faire fructifier.

Si nous ne pratiquons pas, notre foi ne sera pas morte pour autant, mais elle risque de s'affaiblir. Nous pouvons admirer les croyants non pratiquants, leur prière privée, leur ardeur à servir le prochain. Mais la foi peut facilement s'anémier et se polluer d'une doctrine douteuse. Faute de pratique religieuse, le feu sacré de la foi peut couver sous la cendre et même refroidir jusqu'à l'extinction.

Par pratique religieuse, nous voulons dire participation, au moins occasionnelle, à l'Eucharistie dominicale, et réception des sacrements. La pratique alimente la foi, incite à en vivre et fait grandir spirituellement.

La foi du croyant ne peut se confiner. Nous sommes croyants pour vivre ensemble, louer à l'unisson le Seigneur, le célébrer d'un seul coeur. Nous sommes membres d'une famille qui sait la nécessité de se rassembler. Une dimension importante, voire nécessaire, manque au croyant non-pratiquant : celle d'une vie chrétienne vécue en Église, avec ses rites, ses grandes célébrations du Seigneur, ses échanges spirituels.

L'individualisme de la foi risque d'ouvrir les portes à un choix de croyances et de conduites morales selon les goûts personnels.

Je ne crois pas que le Seigneur Jésus ait groupé ses apôtres et ses disciples pour qu'après son Ascension, chacun d'eux aille par son sentier personnel, sans qu'il y ait vie chrétienne partagée et célébrations communes du Dieu qui nous veut frères et soeurs. Il a établi des pasteurs pour son Église, plutôt que de la laisser sombrer dans l'anarchie.

Qu'est-ce qu'un chrétien ? C'est quelqu'un qui croit au Christ, qui s'ouvre à son amour, qui se donne à lui, qui se dévoue pour ses frères et soeurs. Disons, sans ambages, qu'un chrétien est aussi quelqu'un qui appartient à l'Église. Saint Paul nous dit clairement que nous sommes baptisés pour ne former qu'un seul corps (1 Co 12,13). Ce corps, selon l'enseignement de l'Écriture, est l'Église (Ep 1, 22-23). Cette Église du Christ, selon le concile Vatican II, subsiste dans l'Église catholique. Nous en sommes membres depuis notre baptême.

Vouloir vivre sa vie chrétienne, chacun dans son coin, va à l'encontre de la volonté du Seigneur qui a voulu nous grouper dans sa famille. Ensemble, nous prions "notre" Père, comme le Christ nous l'a enseigné. L'Église vient de Dieu et conduit à Dieu. En elle, nous trouvons tous les cadeaux du Seigneur : la saine doctrine, les pasteurs qu'il a mandatés, les sacrements qui font vivre, l'Eucharistie surtout qui nous donne d'entrer en relation intime avec le Christ ressuscité, source de vie. Il est vrai que l'Église a des rides ; elle en aura toujours ; mais elle est notre Mère ! Elle nous a donné la vie, elle nous protège, elle nous alimente. Elle nous aide à constituer ensemble cet Homme parfait qui réalise la plénitude du Christ (Ep 4, 13). Dieu l'a volu ainsi quand il a établi son Église sur saint Pierre : "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle" (Mt 16, 18). Le Christ a voulu que cette Église soit humaine, composée des pauvres humains que nous sommes, faibles et pécheurs. Le Christ a voulu que cette Église soit simultanément divine, forte et sainte de sa présence. Ne regardons pas l'Église avec nos yeux humains et myopes ; nous ne verrions que son aspect humain. Ouvrons les yeux de la foi pour admirer la sainteté de l'Église. Nous marchons vers Dieu avec le Seigneur et nos frères et soeurs, en union avec la Vierge Marie et la multitude infinie de saints et de saintes. C'est ainsi que vivaient les premiers chrétiens (Ac 2, 42s).

Efforçons-nous d'imiter le Christ Jésus. Lui a tant aimé l'Église qu'il s'est livré pour elle (Ep 5, 25). Pouvons-nous être chrétiens sans aimer l'Église que le Christ a créée et pour laquelle il a donné sa vie ? Jésus est la "pierre angulaire" de l'Église (Ac 4, 11). Soyons, nous, des "pierres vivantes" de l'Église (1 P 2, 5)

Dieu vous aime !

Source : une équipe de Rédemptoristes, Sanctuaire Ste-Anne-de-Beaupré (Québec)