Origné

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L'église "Saint Étienne" d'Origné (XIXe siècle)

L'église d'Origné est placée sous la patronage de Saint Étienne, diacre et premier martyr.

 

 

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Le 11 septembre 2016, la commune d'Origné a fêté son 150e anniversaire.

Mgr Thierry Scherrer, évêque de Laval, a présidé l'eucharistie, retraçant dans son homélie l'histoire de la paroisse.

[Article rédigé par Laurence DUBOYS FRESNEY]

A l’origine une paroisse fondée en 1857
A partir d’une simple chapelle occupée par des prieurs, la paroisse Saint-Etienne d’Origné est fondée par distraction de territoires pris sur les communes de Houssay, Nuillé-sur-Vicoin et Quelaines.
 
Dès avant 1160 existe un prieuré – avec sa chapelle (Capella Sancti Stephani de Origneo, l’église actuelle est placée sous le patronage de Saint-Étienne), quelques habitations et quelques terres – confié aux Bénédictins de l’abbaye de Marmoutier située près de Tours. Le culte cesse à la suite de la Révolution. 
 
C’est à partir de la chapelle qu’est construite l’église actuelle. Et c’est grâce à la persévérance des habitants des alentours que cette érection a pu se faire. En effet, dès le début des années 1850, les villageois, au motif de l’éloignement des bourgs voisins, les laissant sans possibilité d’exercer leur culte et sans enseignement, adressent une supplique à l’Evêque du Mans1 afin de créer une paroisse (en prélevant sur les communes voisines une partie de territoire) et d’élever une église. Mais si les fabriques (conseils de gestion des paroisses) de Quelaines et de Nuillé-sur-Vicoin prennent bien conscience de l’intérêt des paroissiens d’Origné éloignés d’avoir leur propre paroisse, il n’en est pas de même de celle de Houssay qui considère d’abord sa perte de revenus et conteste même les titres de propriété ; en particulier celui de la maison du presbytère qui a deux propriétaires : M. Roimier qui offre sa moitié à la paroisse, et la fabrique de Houssay dont la part est par la suite rachetée par Origné. 
 
Le 25 mai 1857, Napoléon III, Empereur des Français, signe un décret favorable. L’abbé Théodore Cointet est nommé premier curé de la paroisse. Ce dernier se charge dès le mois de septembre 1857 de constituer la fabrique d’Origné et de réhabiliter le presbytère.
 
La fabrique fait appel à un architecte du Mans bien connu, spécialiste des églises, M. Rodier qui exécute les travaux entre 1875 et 1887. Il prend en compte le bâti existant : l’ancienne chapelle sert de nef. On y adjoint deux chapelles qui servent de transept, le chœur, le clocher et son beffroi contenant deux cloches. Le moellon et le sable sont offerts, les fermiers se chargent des charrois2
 
A la suite des événements de 1905 séparant l’Eglise et l’Etat, un inventaire des biens de l’église eu lieu à Origné le 13 mars 1906. En voici les circonstances : « Un drapeau tricolore cravaté de deuil avait été placé au haut du clocher. A l’arrivée de l’agent du fisc, le curé proteste, ainsi que M. Duboys Fresney, sénateur et maire de la commune. Un grand nombre de fidèles sont présents autour de l’Eglise. Après en avoir référé à la Préfecture, ordre est donné aux gendarmes d’attaquer la porte. Mais celle-ci est barricadée de l’intérieur et il ne faut pas moins de trois heures d’un travail acharné pour arriver à livrer passage à l’agent du fisc, qui peut alors accomplir son opération. Un salut de réparation est donné après son départ3 ». Le 9 juin 1910, les biens confisqués seront rendus au bureau de bienfaisance de la commune.
 
Le sénateur-maire, Albert Duboys Fresney, s’est vivement élevé contre la loi de 1901 supprimant le droit d’association aux congrégations religieuses. Saisissant le tout nouveau droit d’association (associations à but non lucratif, loi de 1901) accordé aux civils, il crée en 1902 l’Association des Catholiques de la Mayenne, association non politique, qui vise à aider les religieuses expulsées de l’enseignement et aider financièrement le clergé et les paroisses pauvres lorsque sera votée la Séparation (en 1905, il compte 125 000 signatures). Cette association pilote est répliquée dans de nombreux départements français. Elle a vocation à permettre aux laïcs de recueillir ce qu’on appelle aujourd’hui le denier du culte4.
Depuis 1986, Origné appartient à la paroisse Saint-Benoît-les-Rivières avec sept autres églises (Ahuillé, Entrammes, Forcé, L’Huisserie, Montigné-le-Brillant, Nuillé-sur-Vicoin, Parné-sur-Roc) ; le presbytère est à L’Huisserie. Après le Père Hubert et le Père Viel, le curé actuel de cette paroisse est le Père David Journault. Raymond Hacques, fidèle sacristain d’Origné, entretient avec une dévotion sans limite l’église et le cimetière. Il décore l’autel les jours de célébration et ratisse magnifiquement le cimetière aux Rameaux et à la Toussaint, de telle sorte que l’espace y prend l’apparence d’une marqueterie. 
 
L’église Saint-Etienne, une œuvre commune
 
Profondément remaniée par l’architecte Rodier au moment de la fondation de la paroisse en 1857, l’église s’ancre sur une ancienne chapelle qui mesurait 20 m. de long et 7 m. de large. Elle est réparée et surélevée pour constituer la nef d’aujourd’hui. Sont ajoutées deux chapelles qui forment les transepts, le chœur, le clocher et son beffroi contenant deux cloches. La porte d’entrée de l’ancienne chapelle devient la porte principale qui date du XIe siècle. Le curé T. Cointet offre la Sainte-table avec M. Louis Hacques, deux lustres du chœur avec MM. Roimier, Hacques et Moussu et la vierge de Notre Dame des Victoires. Théodore Cointet avait précédemment offert les rosaces des deux chapelles où ses initiales sont gravées. Les vitraux sont offerts par la famille Duboys Fresney : ceux du chœur, expression parfaite du style sulpicien aux couleurs chatoyantes, et ceux de la nef. Au-dessus du confessionnal, on remarque un grand tableau donné par le Général Duboys Fresney, qui l’avait reçu lui-même de Napoléon III en 1869. Ce tableau est une copie de l’œuvre de Francesco Marmitta, peintre italien du 15e siècle ; le tableau original appartient au Musée du Louvre. Il représente la Vierge et l’Enfant Jésus entourés de Saint-Benoît (à gauche) et Saint-Quentin (à droite). Deux anges musiciens apportent au tableau une grâce enfantine. Sous le siège de la Vierge, un médaillon représentant Adam et Eve et la pomme (le fruit défendu entraînant la chute) et dessous un bas-relief représentant la fuite en Egypte. Le parterre au premier plan rappelle le premier paradis perdu par Eve et retrouvé en Marie.
 
1865 : naissance d’une nouvelle commune
 
En 1789, les communes de France furent créées sur la base du découpage géographique des paroisses ; de même à Origné en 1865, la commune est fondée dans les limites de la nouvelle paroisse d’Origné. 
 
A la lecture des différentes archives on peut dire que la commune d’Origné doit son existence principalement à trois personnes : M. le curé T. Cointet qui organise la nouvelle paroisse, le Général E. Duboys Fresney qui initie par son influence notabiliaire la création de la commune et M. A. Roimier qui est l’exécutant communal. Tous trois contribuent à la réalisation du projet. Mais les habitants, malgré la modicité de leurs revenus, mettent aussi la main à la poche en contribuant soit à l’achat du matériel nécessaire au culte ou à l’école, soit au bureau de bienfaisance, soit à la construction ou la réfection des bâtiments ou des chemins vicinaux. La création de la commune d’Origné est bien une œuvre collective.
 
Une fois la paroisse instituée en commune, le conseil municipal d’Origné s’attèle immédiatement à la construction de l’école dont l’instruction est dispensée par des religieuses de la congrégation de Briouze.
 
Mais la loi du 1er juillet 1901, établissant la liberté complète d’association, est la première étape vers la séparation des Églises et de l’État : elle interdit aux religieux la fonction d’enseignant ; elle entraîne la dissolution ou l’expulsion de centaines de congrégations religieuses. Cette loi a provoqué des débats politiques très violents ; les adversaires des catholiques étant les Francs-maçons. Albert Duboys Fresney, alors maire d’Origné, siège au Sénat à droite de la gauche républicaine. Pourtant, il prend toujours faits et causes en faveur des républicains et des catholiques. En 1901, au Sénat, il proteste contre les menaces d’expulsion des congrégations ; en 1902 il intervient au Conseil général de la Mayenne pour la liberté d’enseignement. 
 
L’école d’Origné est laïcisée en 1902. Pour protester contre la laïcisation et contre l’expulsion de Sœur Virginie, directrice de l’école depuis 35 ans, Albert Duboys Fresney donne sa démission de son mandat de maire. Le 27 janvier 1903, le préfet refuse sa démission et le révoque (il sera de nouveau maire d’Origné après la loi de 1905). Le 30 janvier 1903, Sœur Virginie est expulsée avec ses compagnes. 
 
En 1910 une nouvelle école catholique, jouxtant l’église, sera construire grâce, encore une fois, à la coopération des villageois. De même lorsqu’elle déménagera et se modernisera plus tard près du cimetière. Ainsi dans son homélie, Mgr. Scherrer a bien insisté sur le sentiment de fraternité qui avait marqué, depuis son origine, la vie de la commune d’Origné.
 
Article paru dans La Croix du 31 janvier 1903
Les Expulsions
Jeudi matin, les sœurs d’Origné (Mayenne) quittant leur école laïcisée pour rejoindre leur maison-mère, prenaient le train à la gare de Laval.
Toute la population et son maire, M. le Sénateur Duboys Fresney, dont nous avons annoncé la suspension à la suite de sa belle lettre de protestation contre la laïcisation, accompagnaient les dévouées religieuses ; plus de 40 voitures défilaient sur l’avenue de la gare.
Dans une superbe allocution vigoureusement applaudie par tous, M. Duboys Fresney, lui-même ému jusqu’aux larmes, salua ce départ ; il dit parlant de l’instruction donnée par les sœurs aux enfants du peuple : 
« Cet enseignement était-il donc subversif ? Était-il contraire à la morale ? Prêchait-il la révolte contre les pouvoirs établis ? Non, vous le savez bien tous, mes chers amis, vous qui avez été assez heureux pour profiter de cet enseignement. Vous savez bien, au contraire, que nulle doctrine, plus que la doctrine du Christ, n’est de nature à former plus sûrement des citoyens intègres et dévoués à la chose publique, des chefs de famille soucieux de leur devoir, des fils respectueux de l’autorité de leur père, toutes vertus essentielles, indispensables à la santé sociale, à l’existence même d’une nation.
Et, cependant, il s’est trouvée une association, la Franc-maçonnerie, qui d’abord par des moyens détournés, puis aujourd’hui par des attaques au grand jour, s’est donnée pour but de détruire la grande dispensatrice de l’enseignement catholique, à savoir, l’Eglise catholique elle-même. La lutte est donc entre la Franc-maçonnerie et l’Eglise. Le vote de la loi de laïcisation a été un des épisodes de cette lutte. Le vote de la loi contre les congrégations en a été un autre. Et lorsque les congrégations auront disparu, vous verrez la Franc-maçonnerie s’attaquer alors à notre clergé séculier lui-même. De l’aveu de nos adversaires, la lutte ne cessera que lorsqu’ils auront fait table rase…
Sœur Virginie, vous qui, après avoir combattu le bon combat pendant trente-cinq ans, sous nos yeux, êtes obligée aujourd’hui de quitter le champ de bataille avec vos compagnes, vous emportez nos respects et notre reconnaissance. Devant vos persécuteurs, vous vous retirez la tête haute, la conscience tranquille et satisfaite, et le pardon sur les lèvres, vous vous bornez à les plaindre, laissant à Dieu le soin de les juger ».
Hommes, femmes et enfants pleuraient à chaud de larmes ; les pauvres religieuses s’arrachèrent avec peine à cette scène émotionnante, et ce fut au milieu d’un silence plus impressionnant que toutes les acclamations que le train qui les emportait, s’éloigna.
 
NOTES :
1 Jusqu’en 1855 et la création d’un évêché à Laval, le diocèse du Mans couvrait approximativement l’ensemble de l’ancienne province du Maine qui comprend le département de la Sarthe, celui de la Mayenne, à l’exception des communes du Sud qui dépendent de l’Anjou, ainsi qu’une partie des actuels départements de l’Orne, du Loir-et-cher, de l’Indre-et-Loir et de l’Eure-et-Loir.
2 AD53, Série O, 754/1 à 754/3.
3 Ouest Eclair du 19/06/1906.
4 André Charlot, « Une résistance légale à la Séparation : l’Association des Catholiques de la Mayenne », La Mayenne : archéologie, histoire, n° 28, 2008, pp. 118-143.